"L'arbre du pays Toraja" de Philippe CLAUDEL (FR)

12. mars, 2016

Eugène, producteur et ami de longue date meurt en l'espace d'une année et demie à la suite d'une maladie. Le vide qui s'ensuit enferme le cinéaste (le narrateur) dans une recherche de soi, méditant sur la mort et la continuité de la vie à postériori.

L'auteur met en scène les rites du peuple des Toraja comme prélude. Cette ethnie d'Indonésie fait la sépulture de leurs jeunes enfants dans des troncs d'arbres creusés. Ainsi, alors que la chair se décompose au fil des années, l'Arbre continue de se développer et emporte dans sa croissance le prolongement de l'être aimé.

Ce livre est à l'effigie de l'arbre du pays Toraja ; Le tombeau d'Eugène et sa croissance au-delà de la mort, dans la vie de ceux qui restent.

Dans le genre littéraire, c'est un récit simple, philosophique composé d'une méditation continue mais qui, à mon goût, manque de régularité dans sa narration. On est balloté au rythme de ses réflexions, passant du passé au présent, à l'amour, puis aux funérailles, en l'espace de quelques lignes parfois. J'ai fini par m'y perdre régulièrement ce qui ne m'a pas permis d'accrocher.

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"Je dirai malgré tout que cette vie fut belle" Jean d'ORMESSON (FR)

9. mars, 2016

C’est une autobiographie d’une impressionnante richesse, drôle, anecdotique et pittoresque que nous présente Jean d’Ormesson. Séquencée en quatre grands chapitres et écrite sous la forme d’un procès, on y retrouve un panachage ficelé avec brio de sa vie, indissociable de l’histoire de la France, de la littérature, du journalisme et de l’amour.

Ce faisant, j’accuse un style parfois assommant lorsque l’auteur site un nombre incalculable de personnalités de tous genres, auteurs, chanteurs, acteurs et que sais-je encore, qui se mêlent et s’entremêlent dans les méandres sans fin du labyrinthe de leur vie. Heureusement que son « Sur-moi » (rôle de juge) est là pour le cadrer.

Néanmoins, si nous écartons cette aspect-là, nous retrouvons aux tournures de ses phrases merveilleuses, cette personnalité tendre, chaleureuse et charismatique que nous lui connaissons bien. Ne manquant pas de nous divertir de ses anecdotes cocasses, comme l’argumentation tenant en trois points d’Aron pour son élection au siège de directeur du Figaro :

« Il n’est pas tout à fait stupide - Il a des opinions très fermes mais assez vagues, c’est commode - Il est d’une ignorance encyclopédique. » - Ma préférée.

Ou touchantes, comme celle d’un père repenti d’avoir jadis, choisi la mondanité, la luxure et la liberté, au détriment de l’enfance évanouie, de sa fille bien aimée.

Au regarde de ce qui précède, Jean d’Ormesson restera à mes yeux « ad vitam aeternam » un écrivain de renommée. Je ne le crois, n’y de fausse modestie, n’y ennuyeux comme certains le disent. Car qui sait si, lorsque nous serons nonagénaires et que l’âge mûr aura cédé sa place à la vieillesse, le temps passé n’aura pas sur nous l’effet d’un boomerang, nous rappelant cette criante vérité, que la fin de notre Temps est inéluctable.

A lui, l’honneur de clôturer

« C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces matins d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

Je dirai malgré tout que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle » - Jean D’Ormesson citant Aragon

"L'Ultime Refuge" de Nora ROBERTS (US)

5. mars, 2016

C'est le premier roman que je découvre de la série des Nora Roberts. Une littérature contemporaine qui me rappelle les téléfilms typiques du samedi après-midi sur nos chaînes. Cela dit en passant, je ne me suis pas trompée, il est sorti en 2001.

Donc, si vous aimez les décors Géorgiens, une famille qui se déchire suite à un drame survenu 20 ans plus tôt, des amours passionnés et un psychopathe, meurtrier et pervers, vous serez séduits.

Néamoins, je l'ai trouvez plutôt ennuyant jusqu'au 2/3. L'action est tardive et le meurtrier trop peu présent au point de se demander où il est. Malgré tout, on se laisse harponner quand le dénouement commence. On finit par être attendri par cette famille et par l'injustice qui s'acharne dessus. On voit enfin apparaître le visage de celui qu'on attendait, quand rapidement, tout se termine et l'affaire est réglée. Ça donne le sentiment que la fin a été bâclée, dommage.

"Charlotte" de David FOENKINOS (FR)

5. mars, 2016

 En un mot, "La passion".

Parce qu'il faut être passionné pour passer dix ans de sa vie à étudier la vie d'une femme, à parcourir le monde pour retracer son chemin et partir à la rencontre de son entourage.

J'ai découvert, D. Foenkinos, lors de son passage à La Grande Librairie. Pour la seconde fois, un auteur m'a touchée avant la lecture de son livre. Le premier étant Jean d'Ormesson.

Durant cette émission, je me souviens l'avoir entendu dire qu'il lui avait fallu dix ans pour achever son livre, qu'il avait dû s'arrêter à plusieurs reprises, remettant en compte sa motivation, ses recherches, ses capacités et doutant même s'il allait l'éditer un jour.

Je crois que la passion est parfois si exigeante qu'elle nous épuise. Quand c'est le cas, nous finissons par vouloir la maîtriser ou la stopper, histoire de souffler. Mais elle ne s'évapore pas si facilement. Une fois semée, elle germe et s'enracine à jamais dans notre existence.

Néanmoins, son oeuvre n'en reste pas moins magnifique. J'ai rarement vu autant de poésie dans une biographie. La lire est comme une mélodie, rythmée avec grâce ! Il nous emporte avec lui dans cette histoire...dans son histoire. Car on finit par ne plus savoir si c'est celle de Charlotte, la sienne ou la leurs. Seul le mouvement des pages qui se tournent nous rappelle à la réalité. Mais à la fin, on ne peut que les aimer tous les deux et rêver d'avoir un jour, l'esquisse d'une toile faite par cette peintre, aujourd'hui, de renommée mondial.

Ma conclusion, ce livre n'est pas juste une biographie qui retrace en partie la vie de Charlotte mais la passion d'un homme pour une femme, devenue sa quête, le temps d'une décennie.